Le temps des fêtes est synonyme de partage et de plaisir, mais aussi, malheureusement, de surconsommation et de gaspillage. Pendant cette période, les Canadiens et Canadiennes prévoient dépenser 1420 $ par personne en moyenne en 2021, principalement pour les cadeaux et les voyages.
Que peut-on faire pour limiter son empreinte carbone à Noël? Malheureusement, aucune étude n’évalue l’empreinte carbone de Noël au Québec (et très peu dans le monde). On vous propose de suivre une personne fictive, Stéphane, qui souhaite connaître l’empreinte carbone de sa famille (composée de 4 personnes) pendant Noël au Québec avec une perspective cycle de vie afin d’identifier les gestes les plus efficaces à poser pour réduire son empreinte.
Empreinte carbone du sapin : vaut-il mieux acheter artificiel ou naturel?
Rien de mieux qu’un beau sapin bien décoré pour commencer à sentir la magie de Noël! Mais vaut-il mieux acheter un sapin naturel ou artificiel?
Dans un contexte québécois, un sapin de Noël naturel de 7 pieds de haut génère 3,1 kg CO2eq. sur son cycle de vie. Même si le sapin séquestre du dioxyde de carbone (CO2) lors de sa croissance, ce CO2 est réémis dans l’atmosphère si l’on choisit l’incinération du sapin en fin de vie. Toutefois, s’il est envoyé à l’enfouissement, 77 % du carbone contenu dans l’arbre sera stocké dans le sol pour plus de 100 ans. Par ailleurs, l’on parcourt 5 km pour aller acheter son sapin, le trajet en auto compte à lui seul pour plus de 80 % de l’empreinte carbone de notre arbre de Noël.
De son côté, un sapin artificiel génère 16 fois plus d’émissions de GES (pour un sapin de 10kg), notamment à cause de la production de l’acier utilisé pour les branches et de la production de PVC utilisé pour les aiguilles. Il est donc préférable d’acheter un sapin artificiel uniquement si on prévoit de l’utiliser pour plus de 16 Noëls. Plus le sapin artificiel sera léger, plus son impact sera amorti rapidement.
Comme ses enfants sont déjà grands (et ne croient plus du tout au père Noël!), Stéphane choisit un sapin naturel qu’il va acheter chez le revendeur le plus près de son domicile.
Et les lumières sur le sapin? Qu’en est-il de leur empreinte carbone?
Comme 41% des Canadiens, Stéphane possède des guirlandes de Noël avec des ampoules DEL. En les allumant 6 heures/jour pendant 18 jours, l’électricité consommée par les 400 petites ampoules ne va augmenter que de 2 % l’empreinte carbone du sapin. Si Stéphane avait installé les anciennes ampoules incandescentes cachées au fond du garage, il aurait augmenté cette empreinte de 15 %.
L’empreinte carbone du repas de Noël
Cette année, Stéphane a prévu de servir une belle dinde rôtie comme un tiers des foyers canadiens et une tourtière à la viande pour la veille et le jour de Noël. Ces bons repas vont représenter environ 66 kg CO2eq. pour la famille. Malheureusement, le temps des fêtes est souvent synonyme d’excès et les familles canadiennes génèrent en moyenne de 25 % à 45 % plus de déchets qu’à l’habitude. En réduisant son gaspillage alimentaire, Stéphane pourra réduire de plus de 30 % l’empreinte de ses repas de fêtes. Et s’il choisit un repas entièrement végétalien, il pourrait réduire cette empreinte de moitié.
L’empreinte carbone des cadeaux typiques: l’emballage représente moins que vous pensiez
Parmi les cadeaux les plus populaires au Canada, on trouve les cartes cadeaux (pour les restaurants et cafés, le cinéma, les livres), les vêtements, les objets technologiques (les consoles de jeux, les écouteurs, les téléphones intelligents) et bien sûr les jouets pour les enfants. Au pied du sapin chez Stéphane, on retrouve donc :
- une paire de jeans (33 kg CO2eq.),
- un téléphone intelligent (50 kg CO2eq.)
- et deux livres (2,7 kg CO2eq. chacun)
Soit 88 kg CO2eq. de cadeaux. Tous ces cadeaux sont joliment enveloppés de papier cadeau dont l’empreinte carbone totale représente moins de 1 kg CO2eq. pour les 4 cadeaux (incluant leur production et leur fin de vie).
L’empreinte carbone des voyages pendant le temps des fêtes
L’année passée, Stéphane et sa famille étaient partis en avion à Cuba pour Noël, ajoutant 2,2 tonnes de CO2eq. à leur empreinte carbone. Cette année, le rassemblement familial est prévu à Sherbrooke. La petite famille utilisera donc sa voiture, générant ainsi 112 kg CO2eq. pour parcourir les 160 km aller-retour qui séparent Montréal de Sherbrooke.
Le bilan carbone de Stéphane et sa famille pour ce Noël
Finalement, le Noël de Stéphane aura généré 270 kg CO2eq. pour toute la famille, soit 67 kg CO2eq. par personne ou l’équivalent de 22 sapins de Noël naturels. Bien que 42 % de l’empreinte carbone soit attribuable au transport, la famille de Stéphane a fortement réduit son empreinte en choisissant de fêter Noël près de chez elle et en utilisant toutes les places disponibles dans la voiture pour s’y rendre. Cependant, la famille peut encore améliorer son empreinte carbone pour les cadeaux (33 % de l’empreinte) et pour la nourriture (24 % de l’empreinte).
Quels gestes peut-on poser pour réduire son empreinte carbone pendant le temps des fêtes?
Nourriture :
- Limiter le gaspillage alimentaire en planifiant au mieux les achats et en amenant un contenant pour récupérer les restes
- Intégrer progressivement des options végétariennes ou végétaliennes
Cadeaux :
- Se rappeler que ce qui a le plus d’impacts est à l’intérieur de l’emballage cadeau
- Dématérialiser les cadeaux en offrant son temps
- Privilégier les objets de seconde main
- Offrir des cadeaux dont on est sûr qu’ils seront utilisés
Transport :
- Préférer les destinations situées près de chez soi
- Maximiser l’usage des places disponibles dans sa voiture, en proposant du covoiturage par exemple.
Ce billet de blogue est tiré d’une chronique présentée le 17 décembre 2019 par Laure Patouillard, coordonnatrice scientifique et associée de recherche au CIRAIG, à l’émission Moteur de recherche de Radio-Canada.
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