Faut-il imprimer, enregistrer ou rechercher ses recettes ? L’empreinte carbone de l’inspiration culinaire

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livre de recette/cooking book

Quand on cherche de nouvelles recettes, on a généralement trois options : les rechercher en ligne à chaque foisles enregistrer dans un nuage personnel pour y accéder facilement, ou encore les imprimer et les classer dans un cartable. Mais laquelle de ces options est réellement la plus écologique ?

Pour le comprendre, il faut se pencher sur l’infrastructure invisible qui se cache derrière les choix numériques.

Nuage ou recherche en ligne : quelles différences ?

Les recettes peuvent être consultées numériquement de deux grandes façons : en faisant une recherche en ligne ou en les stockant dans un nuage personnel. Ces deux options reposent sur la même infrastructure, qui se divise en trois couches :

  1. Les terminaux utilisateurs — téléphones intelligents, tablettes, ordinateurs portables, sur lesquels la recette est affichée.
  2. Les centres de données — bâtiments qui hébergent les serveurs et les dispositifs de stockage où les données sont traitées et conservées.
  3. Les réseaux — l’Internet mondial et les réseaux locaux, fixes ou mobiles, qui assurent la transmission des données entre serveurs et utilisateurs.

Chacune de ces couches implique des équipements électroniques, de la consommation d’énergie et des impacts en fin de vie. La principale différence se situe dans la façon dont l’information est stockée et partagée :

  • Avec une recherche en ligne, la recette est stockée une seule fois sur un site et consultée par de nombreux utilisateurs.
  • Avec un nuage personnel, la recette est stockée uniquement pour vous.

Ainsi, la recherche en ligne permet de mutualiser l’impact du stockage entre plusieurs utilisateurs. Mais cet avantage s’atténue si vous passez plusieurs minutes à cliquer sur divers liens avant de retrouver la bonne recette.

L’impact des appareils : la pièce maîtresse du puzzle

Bien plus que le mode de stockage, c’est le terminal que vous utilisez qui détermine l’essentiel de l’empreinte carbone :

  • Près de 60 % de l’empreinte carbone mondiale du numérique provient des terminaux utilisateurs.
  • Environ 90 % des impacts liés à l’épuisement des ressources sont également attribués à ces équipements.

Par exemple, si vous consultez une recette pendant 9 minutes sur un téléphone intelligent : plus de 90 % de l’empreinte carbone de cette consultation provient du téléphone, surtout à cause de sa fabrication (semi-conducteurs, très énergivores, produits dans des régions au mix électrique fortement carboné). À l’inverse, un ordinateur portable peut avoir un impact 3 à 5 fois plus élevé par heure d’utilisation.

En résumé : plus l’appareil est petit, plus on le garde longtemps et moins on en possède, plus l’impact par utilisation diminue.

L’arrivée de l’IA générative

L’usage de l’IA générative pour trouver ou résumer des recettes ajoute un nouvel enjeu. Les serveurs d’IA sont particulièrement énergivores : en 2023, ils représentaient seulement 2 % du parc mondial de serveurs, mais consommaient déjà près de 18 % de l’électricité totale des serveurs.

Selon les méthodes de calcul, l’empreinte carbone d’une seule requête IA peut varier d’un facteur jusqu’à 100. Cependant, même dans ce cas, pour une recherche de recette, le terminal reste responsable de plus de 80 % de l’impact.

Et si on imprimait ?

Imprimer une recette a une empreinte carbone environ 35 fois supérieure à celle d’une consultation numérique, principalement à cause de la production du papier. Cela ne devient pertinent que si vous consultez la même recette plus de trois fois par mois… mais à ce rythme, il est probable que vous la connaissiez par cœur.

Conseils pratiques pour réduire l’empreinte carbone de vos recettes

  • Éviter d’imprimer, sauf pour les recettes consultées très fréquemment.
  • Optimiser l’usage des terminaux :
    • privilégier les petits appareils quand c’est possible ;
    • prolonger leur durée de vie (réparer, mettre à jour) ou acheter d’occasion ;
    • limiter le nombre de terminaux possédés (la moyenne mondiale est d’environ 6 par internaute).
  • Mettre en favoris les recettes afin de réduire les recherches répétitives.

Et surtout, relativiser : l’impact de la consultation d’une recette est infime comparé à celui du repas lui-même (moins de 0,1 %). Le vrai levier se situe dans le choix des ingrédients : réduire la part de protéines animales, en particulier la viande rouge, permet de diminuer fortement l’empreinte carbone. Un plat végane a en moyenne 4 fois moins d’impactqu’un plat à base de viande rouge.

Ne vous inquiétez pas trop de savoir si votre recette est stockée dans le nuage ou trouvée via une recherche. Ce sont surtout vos terminaux — et vos ingrédients — qui comptent. Prolongez la vie de vos appareils, ajoutez vos recettes en favoris, et rappelez-vous : la recette la plus verte est souvent celle qui met les végétaux à l’honneur.


Ce billet de blog est tiré d’une chronique présentée le 10 septembre 2025 par Laure Patouillard, associée de recherche au CIRAIG, dans l’émission Moteur de recherche (Radio-Canada), animée par Matthieu Dugal.


Bibliographie

R. Istrate, V. Tulus, R. N. Grass, L. Vanbever, W. J. Stark, and G. Guillén-Gosálbez, “The environmental sustainability of digital content consumption,” Nature Communications, vol. 15, no. 1, pp. 1–11, 2024, doi: 10.1038/s41467-024-47621-w.

Association Green IT, “Impacts environnementaux du numérique dans le monde.” 2025. [En ligne]. https://greenit.eco/nos-etudes-et-essais/impacts-environnementaux-du-numerique-dans-le-monde-2025/

C. Elsworth et al., “Measuring the environmental impact of delivering AI at Google Scale,” Aug. 21, 2025, arXiv: arXiv:2508.15734. doi: 10.48550/arXiv.2508.15734.

P. Scarborough et al., “Vegans, vegetarians, fish-eaters and meat-eaters in the UK show discrepant environmental impacts,” Nat Food, vol. 4, no. 7, pp. 565–574, July 2023, doi: 10.1038/s43016-023-00795-w.

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